
(2025.11). À l’approche du Salon du livre de Montréal, et bientôt du temps des Fêtes (et de la recherche d’idées pour gâter les gourmands), je continue ma tradition de rassembler des suggestions de livres québécois, tous parus en cours d’année (2025), qui ont en commun de s’intéresser à l’alimentation et à la nature avec un focus sur le fait maison et/ou sur la proximité. Livre de recettes, portraits, essais : il y en a pour tous les goûts! Voici mes suggestions 2025, en trois temps!
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1. Les livres de recettes ayant un produit vedette
Un produit phare comme colonne vertébrale pour explorer des thèmes aussi variés que le territoire, les saisons, la convivialité et le partage.
Le miel, avec Miels de Anne-Virginie Schmidt
Grand coup de coeur pour ce livre d’une femme de coeur et d’action, et pas juste parce que j’adore cuisiner au miel. Cofondatrice des Miels d’Anicet. Anne-Virginie vient d’une longue lignée d’aubergistes et explique dans les propos introductifs à quel point l’art de recevoir fait partie de son héritage. Chanceux que nous sommes qu’elle ait pris la plume pour partager non seulement ses recettes qui valorisent le miel de l’entrée au dessert, mais aussi – on le sent bien au fil des pages – son amour des abeilles et du territoire ainsi que son plaisir de recevoir et de partager. Dans mes projets culinaires figurent la tarte fine à la pomme de terre avec salade d’endives crémeuse, les grands-pères au boeuf d’Éléonord et le dulce de leche au miel.
L’érable, avec Les saisons de Gabrielle, de Gabrielle Rivard-Hiller
Un livre de recettes articulé autour d’un tour de calendrier, suivant les saisons et leurs produits, leurs moments, leur vibe : ça me parle! Surtout quand le produit vedette central est aussi identitaire que l’érable. Sans parler de mon amour de toute forme de pâte sucrée! Le livre de Gabrielle, je l’ai laissé à la vue pendant des mois suite à sa parution, juste pour le plaisir de m’ouvrir l’appétit en le feuillant, souvent. J’aime autant les propositions de recettes que les textes intercalés entre celles-ci racontant des histoires de famille, de cabane à sucre et de jardin. Sans parler des beaux textes de Fanny Britt. J’ai déjà cuisiné le flan (miam!) et sur ma liste, j’aimerais (entre plein d’autres!) essayer les brioches à la cannelle et au beurre d’érable.
Les légumes, avec Légumes, de Stelio Perombelon.
Jamais assez d’idées pour cuisiner les légumes! Le chef qui a eu plusieurs restaurants et qui enseigne aujourd’hui aborde 20 légumes qu’il décline chacun de trois façons. C’est inspirant notamment pour sortir les légumes de leur rôle d’à-côté et les ramener en vedette, davantage au centre de l’assiette. Certaines recettes valorisent les fanes, d’autres amènent le légume côté dessert, les photos de la talentueuse Marie des Neiges Magnan subliment le tout. Sur ma liste à essayer figurent par exemple le soufflé au rutabaga et au cheddar (parce qu’on a toujours besoin d’idées pour ce mal-aimé) et les haricots jaunes à la carbonara (la bonne idée!).
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2. Les éclairantes lectures d’Écosociété
Pas un, mais trois titres m’ont beaucoup interpellés chez Écosociété cette année, les voici dans l’ordre de parution.
Santé planétaire, de Claudel Pétrin-Desrosiers
J’admire la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers depuis que je l’ai vue en conférence pour la première fois, j’adhère à son approche selon laquelle notre santé est indissociable de celle des écosystèmes, et j’avais donc hâte de découvrir son ouvrage qui promettait de mettre de la chair autour de l’os. Et je n’ai pas été déçue! Ce n’est certes pas la petite lecture légère à savourer avant d’aller au lit. C’est quand même costaud, rigoureux et rempli en données, mais le tout est exprimé avec clarté et divisé en petites sections qui permettent de digérer le contenu une bouchée à la fois. « Traiter les changements climatiques comme une question de santé nous permet de réduire la distance psychologique qui nous en sépare (…) », explique l’auteure d’entrée de jeu en p. 23. On le sait que la planète a besoin de décideurs et de citoyens qui agissent pour la respecter. Mais pour passer à l’action (ce dont le prochain livre parle abondamment), il faut être touché, remué, se sentir concerné. Puisque notre santé et celle de nos proches nous touche directement, la santé est donc un prisme par lequel il est possible de toucher les gens à propos des changements climatiques… et donc d’avoir des oreilles plus attentives autant chez les citoyens qu’auprès des décideurs. La santé planétaire, c’est rien de moins que la santé des civilisations humaines et des écosystèmes desquels elle dépend, en se préoccupant de rapport solidaire au vivant et de justice intergénérationnelle. C’est fascinant autant pour la professionnelle de la santé que je suis que pour l’écocitoyenne en moi en quête constante de trouver comment toucher les gens pour faire bouger les choses.
Désir d’agir, de Stein Van Oosteren
Dire que ma quête constante de trouver comment toucher les gens pour faire bouger les choses a été bien servie avec ce livre, c’est un euphémisme. Désir d’agir est un véritable peptalk! L’auteur a le vélo comme cheval de bataille. Et c’est en se basant sur son expérience d’action militante pro-vélo qu’il aborde un chantier beaucoup plus vaste, celui de ce qui peut influencer le changement. Comment déclencher la transition écologique, la question lancée en sous-titre, Van Oosteren l’examine sous toutes ses coutures. Le fil conducteur demeure le vélo, mais l’exploration des blocages et des motivations aux changements d’habitudes lui fait parler autant de psychologie, de sociologie, de politique, d’urbanisme, de diplomatie, de communication, tout y passe. Constitué de petits chapitres truffés de citations inspirantes, j’ai pris l’habitude d’en lire quelques pages à chaque matin en déjeunant. Vous dire à quel point je commençais mes journées crinquée! Parce que, vous l’aurez compris, si le vélo est le sujet que maîtrise l’auteur, bon nombre de propos trouvaient écho dans mon travail de célébration de l’alimentation de proximité. Non seulement j’y ai glané de bons arguments et de nouvelles pistes de réflexion, j’y ai également trouvé une certaine forme de « validation » de certaines de mes stratégies de communication. J’ai apprécié ma lecture à un point tel que j’ai été triste de terminer l’ouvrage : finis les déjeuners peptalk. Pour l’instant du moins. Le temps de faire circuler mon exemplaire. Et je vais certainement le relire à son retour. Question de m’énergiser à nouveau de passages comme celui-ci : « Vous trouverez toujours des personnes qui exploreront et élargiront les possibles avec vous au lieu de vous rappeler que c’est impossible. Notre défi, pour réparer le monde, est de trouver ces personnes. La bonne nouvelle est que la première d’entre elles nous attend déjà, à l’intérieur de nous« . (p.297) (Normalement, je sélectionne pour cet article des livres d’auteurs québécois, ce qui n’est pas le cas ici. Stein Van Oosteren est franco-nééerlandais, mais je me suis permise cette entourloupette puisqu’il est publié ici par un éditeur québécois).
Des arbres dans nos champs, de Alain Olivier
Ce que je l’attendais, ce livre! Après avoir écrit sur l’agroécologie en 2021, voilà qu’Alain Olivier, professeur à l’Université Laval, s’attaque plus précisément au sujet de l’agroforesterie. Qu’est-ce que l’agroforesterie? En quelques mots, le titre du livre pourrait difficilement être plus explicite : des arbres dans nos champs. Et pour approfondir les choses, ce nouvel ouvrage explore toutes les facettes de cette alliance entre les arbres et l’agriculture. Il s’agit d’un manuel scientifique, mais qui est en quelques sortes « raconté » : cela se lit de façon naturelle, presque comme un roman. Avant de passer par les classes d’Alain Olivier à l’Université Laval entre 2019 et 2021, l’agroforesterie, je n’y connaissais à peu près rien, mais j’étais intriguée par ce qui me semblait être une piste prometteuse pour nourrir les humains tout en prenant soin de la nature et de la planète. Je ne crois pas que ce soit exagéré de dire que ce passage dans les cours d’Alain ait changé ma vie, puisque j’ai transformé mes travaux de session en microferme agroforestière bien réelle! Si on ne peut pas tous s’inscrire à l’université ou démarrer une ferme, on peut désormais tous mettre la main sur le livre d’Alain Olivier, découvrir sa plume qui fait voyager et réfléchir, et s’intéresser à pourquoi et comment imaginer un futur avec plus d’arbres dans nos champs. Curieux d’en savoir plus? Laissez vous guider par Alain pour découvrir comment l’agroforesterie peut transformer l’agriculture, et plus encore : « L’importance de la contribution de l’agroforesterie au bien commun est d’ailleurs l’une de ses plus grandes forces » (p.77).
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3. D’autres belles surprises
Trois autres coups de coeur de 2025!
Signé gourmand – nos recettes festives, par Hélène Laurendeau, Christina Blais et François Longpré
Parlant de livre écrits par mes anciens professeurs, en voilà un autre! Durant mon bac en nutrition à l’Université de Montréal, Christina Blais était ma professeure de science des aliments et tel que raconté en 2023, son travail rime pour moi avec fiabilité. Je ne connais pas personnellement François Longpré, mais j’ai beaucoup d’admiration aussi pour ma collègue nutritionniste Hélène Laurendeau, communicatrice hors paire. Ensemble, ces trois personnes inspirantes sont derrière « Signé gourmand », un trio qui partage des recettes, astuces et autres coup de cœur culinaires notamment sur les réseaux sociaux. Et surprise : au début novembre, la nouvelle de la parution de leur premier livre en tant que trio m’a réjouie! Ce livre, qui met le focus sur des recettes parfaites pour le temps des Fêtes et pour recevoir, tombe pile au moment ou le grand bal des célébrations entre amis et en famille va débuter! Avec ce nouveau livre, vous aurez de quoi être inspirés, et outillés puisqu’il est généreux en trucs et astuces. Pour ma part, j’ai mis sur ma liste de recettes à essayer la salade d’hiver, la quiche aux oignons caramélisés, le gâteau renversé aux canneberges et le pavlova roulé.
La mémoire des matériaux, d’Élisabeth Cardin
Quand celle qui a signé Le temps des récoltes et co-signé L’érable et la perdrix lance un nouveau livre dans l’univers, on ne peut faire autrement que le dévorer. Que fait-il dans cette liste, s’il ne semble pas, à prime abord, traiter d’alimentation? Quelques indices : quand il est question de territoire, de savoir-faire, de régions, de transmission et de retrouver le goût des produits faits localement, disons que même si le focus principal est sur les matériaux, l’alimentation se cache à chaque détour. Articulé autour de la rencontre de l’autrice avec six artisans de sa région d’adoption, cette petite plaquette aborde les teintures naturelles, la céramique, la lutherie, la vannerie et la charpenterie traditionnelle. mais au détour des réflexions, il est question d’autonomie, de saisonnalité, d’approvisionnement local, de solidarité avec les fermiers, de saveurs identitaires, de contemplation et de sens. « Quand j’ai repris la route, j’ai décidé d’ouvrir mes yeux à la beauté des maisons, et d’y être sensible. J’en ai vu des dizaines, de toutes les couleurs, construites durablement avec des matériaux naturels. J’ai vu le bardeau de cèdre, les fondations de pierre, les ornements de bois, les cheminées de brique, la grande patience et l’expertise. J’ai vu les potagers, les serres, les granges et les cuisines extérieures. J’ai vu des familles entières s’affairer à la conservation des aliments. J’ai vu l’autonomie d’un village de rêveurs, qui cherchent – et qui trouvent, parfois – un sens à leur passage ici« . (p. 80).
Moccione – histoires et recettes de notre petit resto italien, de Luca Cianciulli et Maxime Landry
Quand un restaurant que tu adores situé dans ton quartier d’hiver (Villeray à Montréal) sort un livre de recettes, c’est une très belle nouvelle! Sans parler de mon petit faible pour la cuisine italienne. Le livre du restaurant Moccione, sorti plus tôt cette année, ouvre l’appétit par ses recettes mais invite également à rencontrer les humains qui ont gravité et gravitent encore autour du restaurant. On découvre les gens de la famille, de l’équipe, quelques producteurs/fournisseurs aussi. Le tout sans parler des photos prises en Italie qui font réellement voyager et qui ouvrent l’appétit. Dans l’ouvrage que je laisse trainer dans la maison parce que je ne me tanne pas de le feuilleter, on sent l’authenticité d’un couvert à l’autre. J’ai mis beaucoup de post-it au fil des pages, notamment sur le crudo de pétoncles aux saveurs de printemps avec la rhubarbe et la livèche. Puis, pas le choix en tant qu’amoureuse des pâtes farcies, sur les agnolotti aux petits pois et au safran. J’essayerai aussi leur sauce alla bolognese, un des premiers plats du Moccione que j’ai goûté.
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Bonus! Une 10e suggestion
Ce n’est pas un livre, mais un magazine! Le tout nouveau numéro de Caribou vient tout juste de paraître et avec un thème comme Nutrition, je ne pouvais pas ne pas le mentionner! C’est rempli de textes intéressants dont une douzaine sont signés par des collègues nutritionnistes d’ici. Je recommande!
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J’espère que ma liste 2025 vous ouvre l’appétit, pique votre curiosité et vous donne envie autant de lire que de cuisiner!
- 9 livres 2025 à dévorer, réfléchir et cuisiner - 10/11/2025
- Le Défi recettes « Du post-it à l’assiette » – édition 2025 - 03/12/2024
- 8 livres 2024 à déguster et cuisiner - 04/11/2024




