(2018, décembre). J’adore les citations. L’art de ficeler en une courte formule un message important, de façon parfois punchée, parfois amusante, parfois poétique, parfois engagée, parfois toutes ces réponses en même temps!
Les citations m’inspirent, elles me restent en tête, elles me font avancer. Ce n’est pas pour rien que j’aime tant faire des portraits et des articles basés sur des entrevues : je peux recueillir des propos et en synthétiser les meilleurs passages!
L’an passé, j’ai rassemblé 18 résolutions alimentaires à faire « une fois de plus » en 2018 : n’hésitez pas à vous imprégner encore de leur pertinence! Cette année, je vous propose plutôt 19 citations pour commencer 2019 fort inspiré! Ce n’est pas un palmarès absolu et impartial, puisque les citations proviennent de mes lectures, d’entrevues que j’ai menées ou entendues, et de conférences auxquelles j’ai assisté. C’est donc un palmarès personnel mais qui, j’espère vivement, résonnera aussi en vous.
Bonne Année à tous!
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- « L’alimentation écoresponsable, ce n’est pas une histoire de privation, c’est une histoire de proportion! »
– Chef Bertrand Grébaut, dans cet article
où je reviens sur une table ronde à laquelle j’ai assisté en France
- « Le choix résolu de la microéconomie est le seul à pouvoir faire de chaque citoyen et de chaque citoyenne des acteurs de l’économie. »
– Pierre Rabhi, paysan, penseur, écrivain, philosophe,
dans son livre La part du colibri
- « [En circuit court], le citoyen mangeur rencontre le fermier et cet échange-là est important (…). On ne parle jamais de nourrir la planète, on parle de nourrir la communauté! »
– Jean-Martin Fortier,
lors de son passage à Tout le monde en parle
- « Science will not solve a cultural problem; namely a collapse in the willingness, confidence and skills needed to cook and enjoy real food. There is no one healthy diet, no silver bullet that can better the knowledge, accumulated over generations, of how to use predominantly locally-sourced ingredients to sustain us through happy and healthy lives. »
– Guy Singh-Watson, fondateur de la Riverford Farm, en Angleterre,
visitée lors de mon séjour en novembre dernier
(passage tiré de son livre Vegetables, Soil & Hope, 2018)
- « On aime faire grandir chez les participants un réel amour du vivant. Quand tu te familiarises avec quelque chose, tu l’aimes davantage et tu tends à vouloir le protéger. »
– Gérald Le Gal,
dans son grincement de dents : Stop à la cueillette sauvage « sauvage »
- « La transition vers la durabilité comprend l’émergence d’une agriculture à échelle humaine qui nourrit son territoire, la terre comme les communautés. »
– Fernande Ouellet, Rusé comme un canard,
formulant ses souhaits pour une meilleure agriculture à la fin de ce reportage d’Ève Dumas
. - « Notre alimentation, donc l’agriculture, est étroitement liée à notre santé. En sommes-nous vraiment conscients? (…) Ce sont ces milliers d’hommes et de femmes qui doivent détenir le pouvoir de nous nourrir, pas deux ou trois multinationales. (…) Mais les savoirs ancestraux se perdent, l’indépendance aussi. »
– Marie-Pier Gosselin,
Fromagerie Au gré des champs, La Presse
- « Changer le système alimentaire ramène à la valeur que nous nous accordons, à nous-mêmes et aux autres. C’est investir notre dollar alimentaire dans les gens plutôt que dans les grandes entreprises et leurs profits. »
– Farmer Mai (Mai Nguyen),
à l’événement Le Goût du grain (traduction libre)
- « If we aren’t farmers, we all need to start feeling like a farmer again. »
– Carlo Petrini, dans son livre Terra Madre,
que j’ai lu avant d’assister à l’événement du même nom à Turin
- « L’agriculture dessine le paysage, tisse et retisse sans cesse nos liens avec le territoire. Ce territoire fournit les denrées et les aliments qui garnissent nos assiettes et nourrissent nos corps. Mais l’imaginaire aussi doit s’en inspirer. Que restera-t-il à montrer de cette époque si nous ne prenons plus la peine de tourner le regard vers les champs? »
– Hélène Raymond, journaliste et auteur spécialisée en agroalimentaire
Où est l’agriculture dans l’imaginaire? (Caribou #7)
- « Toi, t’appartiens-tu à de quoi ? L’as-tu essayé, d’appartenir à quelque chose ? (…). D’être dans une réflexion, de poser des gestes, d’être citoyen de quelque chose. C’est hallucinant ce que ça donne comme vertige et comme sens. »
– Fred Pellerin, extrait d’un article du Devoir
repris dans ce bilan de la Semaine québécoise des marchés publics 2018
- « Nous sommes nettement en déficit d’amour territorial (…). Notre défi à nous, aujourd’hui, c’est de nous l’approprier, ce territoire, de l’aimer démesurément. »
– L’anthropologue Serge Bouchard, interviewé par Marie-France Bazzo,
dans le livre De quoi le territoire du Québec a-t-il besoin?
- « Personne n’a ou ne « possède » le temps. On doit plutôt choisir de « prendre » le temps pour faire quelque chose, dont cuisiner, un acte essentiel. »
– Hélène Laurendeau,
dans son grincement de dents : Oui c’est possible de cuisiner pas compliqué!
- « C’est la saison des moissons qui bat son plein. De grâce, sortez de chez vous. Allez dans les marchés publics, chez les producteurs, les artisans, et achetez ce qui vient d’ici. »
– Marc Séguin, La Presse
- « Peu de gens comprennent la vraie valeur des aliments. La nourriture doit être accessible, pas « cheap ». Lorsqu’elle est cheap, elle fait probablement du mal à nous-mêmes (notre santé) ou autour de nous (environnement, fermiers…). Si on vit dans une « culture de fast-food » qui nous fait souvent oublier ceux qui produisent nos aliments, on doit plutôt mettre la table en vue de cultiver de délicieuses valeurs alimentaires. Et commencer dès l’école, en utilisant le jardin et la cuisine comme salle de classe. »
– Alice Waters, chef propriétaire du restaurant Chez Panisse en Californie (États-Unis).
Quel honneur de l’avoir rencontrée à Terra Madre!
Les citations inspirantes recueillies lors de ce rassemblement de cinq jours à Turin ne manquent pas.
J’en présente 11 autres dans cet article.
- « Le territoire est la colonne vertébrale de l’offre gastronomique. C’est l’élément distinctif et la source de l’identité locale. »
– Audrey Simard, Papilles développement,
citant le Global Report on Food Tourism
durant sa présentation au Colloque sur l’identité culinaire québécoise
- « L’agriculture biologique, ce n’est pas un retour en arrière, c’est avancer vers l’avant (…). L’Homme est allé sur la lune! Si on le VEUT, on est capable de protéger les cultures avec des solutions moins nocives pour l’environnement. »
– Madeleine Chagnon,
professeure associée au Département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal,
interviewée pour mon article sur la pollinisation dans le numéro de Caribou sur l’alimentation du futur.
- « Ignorance is not bliss, it is disempowerment. »
– Annie Novak (Eagle Street Rooftop Farm)
citée dans un texte d’Audra Mulkern (Comestible Journal #1)
- « En tournée, quand je parcours le territoire pour semer la volonté de manger près, que je rencontre ceux qui le cultivent, et ceux qui s’en nourrissent et s’en réjouissent, je sais qu’il nous reste un pays à manger, je sens qu’il nous reste un pays à continuer de changer. Et que (du moins pour l’alimentation locale et durable) les gens sont réceptifs. Construire des ponts entre ceux qui cultivent le pays et nous qui nous en nourrissons, c’est la mission que je poursuis pour traverser la rivière qui sépare parfois le consommateur de l’agriculture. Des ponts nécessaires pour mieux se connaître, se comprendre, s’apprécier. S’il me reste un pays à prédire, j’aime l’imaginer vivant et nourricier pour la proximité, vert et fier de son identité et de sa saisonnalité, créatif et généreux non seulement en récoltes, mais en saveurs et en sens. »
J’ai écrit ce court texte sur Instagram en m’inspirant de la chanson Il me reste un pays de Gilles Vigneault. Je l’ai entendue à la radio au début de la tournée des marchés publics l’été passé. Tout naturellement, j’ai repris l’esprit du texte de Gilles Vigneault en y transposant l’alimentation de proximité et le territoire. J’ai écrit ça en un instant, inspirée par les mots de Vigneault et par la lumière du petit matin qui illuminait la route sur un bout de territoire magnifique. C’est ma publication Instagram la moins populaire de l’année (trop de mots et pas de photos 😉 ), mais l’une des celles qui résonne le plus pour moi. Elle a juste ce qu’il faut de constat et d’espoir pour conclure une liste de citations ayant pour but de nous inspirer pour commencer 2019 du bon pied!