(2020.09). En septembre, j’ai cuisiné un poirier. J’ai un voisin agriculteur qui a deux poiriers à côté de sa maison. Cette année, les arbres étaient réellement gorgés de fruits. Il en a cueilli plein pour sa famille. Sa sœur, sa fille et des amis sont venus en chercher. Et malgré toutes ces récoltes, l’arbre était encore réellement très garni! Impressionnante la générosité d’un poirier heureux.

C’est alors que mon voisin me demande si je viendrais l’aider à « vider » le poirier, et je pourrais partir avec toutes les poires. Il en avait déjà plus que ses besoins et ne savait plus quoi en faire. Soucieux de ne pas gaspiller, il me conviait à une sorte de « glanage de voisinage »!

Pour moi, une proposition comme ça, c’est comme trop beau pour être vrai. Un « projet alimentaire » comme je les aime. Savoureux, nourrissant, et juste assez fou pour prendre des airs de défi. Si je dis « fou », c’est que j’ai hérité de pas moins d’une dizaine de grandes boîtes pleines de poires, et de la responsabilité de ne rien en gaspiller. Je les ai acceptées, à moi de les valoriser.

La cueillette en soi était épique. On a récolté le haut de l’arbre debout dans la pelle du tracteur. Et encore, les plus hautes branches restaient difficiles à atteindre! J’ai eu beaucoup de plaisir et j’en ai gardé le souvenir dans ma peau pendant plusieurs jours puisque je me suis fait piquer sur un doigt par une guêpe qui se gavait de nectar sur une poire pourrie. Un petit désagrément vite oublié devant la si réjouissante récolte!

Vous dire le plaisir que j’ai eu à ratisser mes livres de recettes pour trouver plein de façons de cuisiner les poires!

  • J’en ai évidemment mis plein en conserves pour cet hiver (demies poires dans le sirop au miel, compotes variées et salade de fruits, respectivement aux pages 113, 79 et 94 de Mangez local!). Des classiques, c’est des classiques.
  • J’ai fait des tonnes de croustades, en remplaçant simplement les pommes par des poires dans ma recette habituelle. (Je me suis souvent demandé si on se tanne, un jour, de la croustade. À date, ma réponse demeure : non).
  • J’en ai fait du beurre, du jus, des muffins, du potage (parfois avec les navets de mon jardin comme sur la photo du montage, d’autres fois avec cette fameuse recette sur mon site depuis 2010!), du clafoutis, du ketchup aux fruits, de la confiture, des tartes, des cuirs de fruits et des chips.

Les chips. J’en ai toujours un bol sur ma table ces temps-ci, c’est sans doute la raison pour laquelle j’ai l’impression que c’est la « recette » sur laquelle j’ai eu le plus de questions. Je mets « recette » entre guillemets puisque c’en n’est pas vraiment une. Ça prend juste deux choses : des poires et un déshydrateur! (Ça se peut aussi à basse température au four).

Je déshydrate à 135oF pendant une nuit plus ou moins longue, selon l’humidité des poires et l’épaisseur des tranches. C’est tout! Pas de jus de citron, pas de sucre ajouté. Juste des poires. Et tout le monde en redemande. C’est ce que j’appelle un succès.

Il va sans dire que le propriétaire du poirier goûte mes p’tits plats. Il a partagé ses poires, je partage mes recettes.

Quand il m’a déposé chez moi après la récolte, je lui ai dit, en le remerciant, que je me sentais « riche de poires ». Il m’a répondu que ça lui fait plaisir et que lui, il se sentait « riche de partage ».
Quand on dit que l’alimentation, c’est tellement plus que des éléments nutritifs.
Merci encore Christian!

Julie Aubé